jeudi 17 septembre 2009

Padre(s)

Antonio Sarabia, José Ovejero et José Manuel Fajardo, (c) Noela Duarte.

L'oeil qui me voit

« Aujourd’hui, elle a quitté l’hôtel plus tôt que d’habitude. Il était sept heures du matin et sa tête auréolée de cheveux courts a envahi le cercle de la mire télescopique. Elle portait des lunettes de soleil, mais je l’ai reconnue. Au point où j’en suis arrivé, je la reconnaîtrais même si elle était déguisée. Quand on passe tant d’heures à observer, quand le monde se réduit au cercle d’une mire télescopique, on finit par en apprendre beaucoup sur les autres. Je sais qu’elle est nerveuse : quand elle est indécise, elle se gratte derrière l’oreille ou recrache le chewing-gum qu’elle mâchouille. Je sais aussi qu’elle a de longues jambes et de petits seins bien fermes. Parce qu’elle ne porte pas de soutien-gorge. Ça aussi je le sais. J’ai étudié chaque repli de ses vêtements. »