jeudi 17 septembre 2009

Padre(s)

Antonio Sarabia, José Ovejero et José Manuel Fajardo, (c) Noela Duarte.

L'oeil qui me voit

« Aujourd’hui, elle a quitté l’hôtel plus tôt que d’habitude. Il était sept heures du matin et sa tête auréolée de cheveux courts a envahi le cercle de la mire télescopique. Elle portait des lunettes de soleil, mais je l’ai reconnue. Au point où j’en suis arrivé, je la reconnaîtrais même si elle était déguisée. Quand on passe tant d’heures à observer, quand le monde se réduit au cercle d’une mire télescopique, on finit par en apprendre beaucoup sur les autres. Je sais qu’elle est nerveuse : quand elle est indécise, elle se gratte derrière l’oreille ou recrache le chewing-gum qu’elle mâchouille. Je sais aussi qu’elle a de longues jambes et de petits seins bien fermes. Parce qu’elle ne porte pas de soutien-gorge. Ça aussi je le sais. J’ai étudié chaque repli de ses vêtements. »

mardi 7 juillet 2009

Dans la scène

Les mots nous informent, mais les photographies font de nous des participants. Bien que nous sachions, pour l'avoir lu, qu'au Congo, ou en Irak, ou en Colombie, se commettent des atrocités, l'opinion publique, mis à part quelques activistes, s'en émeut à peine; les mots s'oublient vite, les faits deviennent de simples données statistiques; rien ne suscite l'indignation comme voir les photographies : les mains coupées, des prisonniers sous la torture, des photos de fosses communes, des enfants rachitiques... alors les gens se sentent un peu plus obligés d'agir, parce qu'en voyant la photo, ils entrent dans la scène, ils deviennent une partie de celle-ci et ils se sentent coupables..., et il s'agit là de quelque chose que les gens ne supportent pas; il en a toujours été ainsi ; ils bénéficient des crimes mais rejettent toute forme de responsabilité.

Noela

jeudi 2 juillet 2009

Reine contre reine

(c) Noela Duarte, 2009.

¡Hola!, Paris. La cité lumière. La belle. La très belle ville. Tes lumières que tout cache. La douleur. La solitude. L'anxiété. Le malheur. Mais toi, tu est belle. Sans doute. Tu sais? Moi, je vais te photographier, te réduire à deux dimensions, te voler ton masque. Tu vas voir, ma belle. Ça va être un duel. Reine contre reine. Sans pitié (en plus, tu n'en as jamais eu). Le rendez-vous est en septembre et j'aiguise mes ongles pour le combat. Tu as raison d'avoir peur.

Voici un souvenir de notre dernière rencontre.

Noela